Smail Naâmane, président de l'ANOC : « L’importation permet au produit local de s’initier à la concurrence sur les marchés étrangers »

Smail Naâmane, président de l’Association Nationale des Opérateurs de la Céramique (ANOC)

 

« L’importation permet au produit local de s’initier à la concurrence sur les marchés étrangers »

 

Le Chantier-dz : Un mot sur votre association et sa contribution dans la dynamisation de la filière de la céramique en Algérie ?

 

Smail Naâmane : L’Association Nationale des Opérateurs de la Céramique (ANOC) a été créée en 2018, et elle regroupe les importateurs, les grossistes et les distributeurs de la céramique importée. La naissance de notre association est survenue dans une conjoncture économique difficile, notamment avec le recul des prix des hydrocarbures, ce qui a eu un impact négatif sur le marché national. Le gouvernement a pris à l’époque des décisions préjudiciables à l’activité de l’importation, et nous avons créé alors cette association dont l’un des objectifs les plus importants est la contribution à la relance de l’économie nationale.  Nous nous considérons, à cet effet, une force complémentaire de l’ACA,  contrairement à ce qu’estiment certains à ce que nous sommes des ennemis. Notre association  donne chaque année l’occasion à deux ou trois importateurs d’aller vers l’ACA afin de s’initier à l’aspect production de la céramique en Algérie. Aujourd’hui, il est importateur et demain il sera lui aussi producteur avec la mise en œuvre de l’expérience acquise et la technologie qu’il a eu déjà à observer chez l’entreprise étrangère dont il importait. Nous appelons  le gouvernement algérien à changer sa perception de l’acte d’investissement en Algérie, car même l’activité de l’import contribue à pousser les producteurs nationaux à améliorer leur qualité dans le cadre d’une concurrence avec le produit étranger, mais aussi l’activité de l’import contribue aussi à la création de milliers de postes d’emploi.

 

Quelles sont les contraintes techniques dont souffre votre activité et sur des points bien précis ?

Smail Naâmane : En 2017 et avec la chute des prix du pétrole, le gouvernement a décidé de suspendre les importations. Après, il a été décidé de ne pas l’arrêter, mais se diriger plutôt vers la politique des quotas. Ensuite,  il a été décidé d’imposer des taxes pour encourager le produit local. Il faut laisser la chance à une concurrence loyale déjà au niveau du marché local entre le produit national et celui de l’importation, à notre sens. Car, un produit local qui ne répond pas aux normes de qualité requise, et qui ne peut pas concurrencer un produit étranger ici même en Algérie, n’a pas la chance d’obtenir une place sur les marchés étrangers. Le gouvernement algérien peut imposer des restrictions pour épargner la concurrence aux produits locaux ici en Algérie, mais ne peut, tout de même, pas imposer cela dans les marchés internationaux !

S’agit-il, aujourd’hui, de lourdes taxes imposées aux importateurs de la céramique ou d’autres aspects ?

Actuellement, le problème consiste en le Droit additionnel provisoire de sauvegarde (DAPS) . Ce dispositif a été initié comme mesure provisoire, mais on voit que trois ans plus tard, il est toujours en vigueur.  Nous souhaitons qu’il soit levé dans les meilleurs délais . Aussi, dans la manière de payer  l’entreprise de laquelle nous importons, elle est préjudiciable. Quand on fait de l’import, on doit bloquer l’argent au niveau de la banque pendant un mois, afin de l’exportateur puisse livrer la marchandise. Après, on impose au même exportateur de nous donner un délai de 45 jours à terme, ça veut dire crédit. La dévaluation de la monnaie nationale, le dinar, est aussi problématique. Quand on importe aujourd’hui, on fait des calculs sur le taux de change du même jour, mais après 45 jours, après avoir écoulé la marchandise, nous devons encore payer 5 ou 10% en plus par rapport au taux de change qui a été modifié !

Comment se répercutent ces mesures réglementaires sur l’activité de l’importation de la céramique ?

Smail Naâmane : Il y a aujourd’hui 600 entreprises d’importation de la céramique au niveau national, qui emploient des dizaines de milliers d’algériens. Depuis 2017, avec l’arrêt des importations, on a perdu en six mois plus de 10 000 emplois, et on l’a déclaré et même envoyé des correspondances à l’ensemble des ministères concernés et même le premier ministre. Avec la pandémie Covid-19, on a perdu 20 000 autres emplois.  On importait auparavant 400 à 450 millions de dollars, et avec le système de quotas on importait près de 160 millions de dollars, et  en 2020 on n’a même pas atteint 50 millions de dollars.....

Vous affirmez que la majeure partie de la céramique utilisée en Algérie est issue de la production locale, que peut, donc, apporter l’importation ?

Smail Naâmane : Actuellement, plus de 90% de la céramique utilisée en Algérie provient de la production locale, cela est évident. Toutefois, il y a de la céramique qui n’est pas produite en Algérie, comme les carreaux de 2mètre/ 3 mètres, de la céramique antibactérienne, utilisées essentiellement pour les hôpitaux, la céramique antiacide aussi... L’effet de la concurrence ne peut être que productif pour notre économie de manière globale.

Quelles sont vos perspectives pour l’année 2021 ?

 

Smail Naâmane : Nous espérons que le gouvernement aide aussi les producteurs afin qu’ils soient plus performants. Nous souhaitons que l’Etat prennent des mesures à même de régler les problèmes de la production nationale afin de gagner la bataille de l’export...Nous souhaitons également la levée des contraintes à l’activité d’importation, car, au risque de me répéter, elle contribue activement à instaurer un climat de concurrence loyale dans notre marché local et stimule les fabricants algériens à améliorer davantage la qualité de leurs produits et gagner des places sur les marchés étrangers.

                                                                                         Smail Y.K

 

« Un produit local qui ne répond pas aux normes de qualité requise, et qui ne peut pas concurrencer un produit étranger ici même en Algérie, n’a pas la chance d’obtenir une place sur les marchés étrangers. La Compétitivité est une chose à acquérir doucement et à court et moyen termes »

 

« Actuellement, plus de 90% de la céramique utilisée en Algérie provient de la production locale, cela est évident. Toutefois, il y a de la céramique qui n’est pas produite en Algérie, comme les carreaux de 2mètre/ 3 mètres, de la céramique antibactérienne, utilisées essentiellement pour les hôpitaux, la céramique antiacide aussi... »

 

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